Des machines et des hommes

 

Les machines hurlent
les hommes se taisent
un à un
les arbres tombent
des vies s'effondrent
et se rejoignent sur un tapis argenté
arraché dans la douleur à l'été
une longue plainte envahit la plaine
et implore des coeurs trop sévères
à quitter la scène avant l'arrivée des remords

Le petit bois n'est plus...

Le jour supplie la nuit de venir à son secours
et de jeter un voile sur ces corps sans vie
le ciel reste sans voix
trop de sève a coulé sur les toits

Des orphelins en sursis
grelottent à la lisière d'une folie
et guettent en vain le réveil d'une mère
jetée à terre en plein hiver
et condamnée à tenir au chaud ses bourreaux

Les rêves sont tombés de haut
le vent les prend par la main
et les entraîne au loin
là où aucun homme ne cède
à ses pulsions de conquérant

Les machines se taisent
les hommes hurlent
des vies s'effondrent
et s'accrochent aux branches
d'un petit bois à jamais refoulé sous terre